Droits de l'homme au Tibet

Selon Israel Epstein, la notion des droits de l'homme était inconnue dans l'ancienne société tibétaine[1]. Celle-ci connaissait le servage et une forme d’esclavage[2]. Selon Melvyn Goldstein, il y avait divers sous-statuts : les serfs qui louaient des terres à un domaine moyennant redevances et avaient de lourdes obligations, ceux qui étaient attachés à un domaine mais ne détenaient pas de terres et avaient donc moins d'obligations, et les serviteurs attachés de façon héréditaire à la maisonnée d'un seigneur[3]. Heidi Fjeld voit plutôt une hiérarchie sociale analogue au système de castes en Inde[4]. Le Tibet n’avait pas, selon Heinrich Harrer, de système judiciaire organisé avec des tribunaux[5] et la loi tibétaine comprenait parmi ses peines, des mutilations et la peine capitale[6]. Cependant, selon Dawa Norbu, la peine capitale et les mutilations diminuèrent considérablement et finalement, le 13e dalaï-lama interdit officiellement ces peines contraires au bouddhisme[7] en 1898 et en 1913. À la fin des années 1950, Fosco Maraini affirme que « les Tibétains [lui] ont paru un peuple véritablement heureux. Le bonheur ne dépend pas aussi nécessairement de la structure sociale ou du système de gouvernement… »[8], et Robert W. Ford, qui vécut cinq ans au Tibet à la fin des années 1940, précise que si les gens étaient pauvres, la nourriture ne manquait pas et le bonheur régnait[9].

Selon le ministère américain des Affaires étrangères, les violations des droits de l'homme après 1950 au Tibet concernent la liberté de religion, de croyance et d'association. Au nombre de ces violations, les arrestations arbitraires et les mauvais traitements en prison, dont la torture. La liberté de la presse en PRC fait encore défaut, rendant difficile de déterminer précisément l'étendue des violations des droits de l'homme[10]. Une série de rapports publiés dans les dernières années 1980 indique que la Chine forçait les Tibétains à participer aux programmes de contrôle de naissance stricts qui imposaient avortements et stérilisations forcées, et même l'infanticide[11]. Selon un rapport d'Amnesty International de 1992, les normes juridiques en Chine ne satisfont pas aux « normes internationales ». Le rapport accuse le gouvernement[12] de conserver l'internement des prisonniers politiques et la peine de mort dans son code pénal, et de ne pas réagir face aux mauvais traitements, y compris la torture et parfois la mort[12],[13]. Le statut de la religion, principalement quand il est en relation avec des chefs à la fois religieux et politiques, comme le 14e dalaï-lama, fait l'objet de critiques[14].

  1. (en) Israel Epstein, My China Eye: memoirs of a Jew and a journalist, Long River Press, 2005, 358 p., p. 277 : « the old society with nothing even remotely resembling human rights ».
  2. (en) Robert W. Ford, Wind between the Worlds. Captured in Tibet, David McKay Company, Inc., New York, 1957, pp. 13 and 337 : « Already the oppressive system of requisitioning transport has been abolished, and no doubt serfdom will go too. But they are all serfs now. »
  3. (en) Melvyn Goldstein, Serfdom and Mobility: An Examination of the Institution of "Human Lease" in Traditional Tibetan Society, in The Journal of Asian Studies, 1971, vol. 30, issue 3, pp. 521-534.
  4. (en) Heidi Fjeld, Commoners and Nobles: Hereditary Divisions in Tibet, Nordic Institute of Asian Studies, 2003, p. X (préface) et p. 5 : « a caste-like social hierarchy. »
  5. (en) Heinrich Harrer, Seven Years in Tibet, with a new epilogue by the author. Translated from the German by Richard Graves. With an introduction by Peter Fleming, Tarcher/Putnam, 1996, p. 190 : « There is no organized system of law courts in Tibet. The investigation of offenses is entrusted to two or three persons of noble rank, but corruption is unfortunately very prevalent. »
  6. Robert W. Ford, Wind Between the Worlds. Captured in Tibet, op. cit., p. 37.
  7. (en) Dawa Norbu, Red star over Tibet, Envoy Press, 1987, p. 77 : « However, as the influence of Buddhism increased, capital punishment and mutilation decreased considerably, and finally the thirteenth Dalai Lama officially banned such un- Buddhist punishments. »
  8. Fosco Maraini, Tibet secret (Segreto Tibet), préface de Bernard Berenson, traduction de Juliette Bertrand (ouvrage orné de 68 héliogravures d’après les photographies de l’auteur), Arthaud, Grenoble, 1954 (parution initiale en 1952).
  9. Robert W. Ford, Tibet rouge : capturé par l'armée chinoise au Kham, p. 288.
  10. (en) US State Department, Bureau of Democracy, Human Rights, and Labor, 2008 Human Rights Report: China (includes Tibet, Hong Kong, and Macau), February 25, 2009
  11. (en) Melvyn Goldstein et Beall Cynthia, « China's Birth Control Policy in the Tibet Autonomous Region », Asian Survey, vol. 31, no 3,‎ , p. 285–303 https://www.jstor.org/pss/2645246
  12. a et b (en) Amnesty International, Amnesty International: "China - Amnesty International's concerns in Tibet", Secretary-General's Report: Situation in Tibet, E/CN.4/1992/37
  13. « Amnesty International Documents », sur hrweb.org (consulté le ).
  14. (en) US State Department, Bureau of Democracy, Human Rights, and Labor, 2009 Human Rights Report: China (includes Tibet, Hong Kong, and Macau), March 11, 2010.

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